AU THÉÂTRE PROSPERO
22 avril — 10 mai 2025
En s’intéressant à la figure du « monstre » que le philosophe espagnol trans Paul B. Preciado utilise pour se définir, Brigitte Haentjens et Sébastien Ricard en débusquent une autre, tout aussi subversive, celle du Canayen, dont le géographe Jean Morisset tente de cerner l’espace et le temps à travers le vaste paysage de l’Amérique. Dans les interstices entre les catégories rigides qui organisent notre réalité se trouvent des espaces révolutionnaires, des refuges où évoluent des êtres métissés et des idées inclassables, hors-normes. Porter en soi quelque chose qui, pour les autres, demeure un mystère : est-ce cela qui est monstrueux?
Pour creuser cette question fascinante, trois artistes de trois générations différentes empruntent plusieurs pistes, se nourrissant de pensées politiques, riches, poétiques et radicales. Compagnon·gnes de route depuis près de vingt ans, Haentjens et Ricard s’allient cette fois l’artiste transdisciplinaire Micha Raoutenfeld. Repoussant les frontières des rôles dans la création, le trio s’engage dans un processus audacieux : refusant de tabler sur leurs acquis, ensemble, iels s’aventurent plutôt dans un nouvel ordre du monde.
Reconnue pour son travail de mise en scène à l’esthétique recherchée, Haentjens s’est maintes fois frottée à des écritures exigeantes. Fondatrice de la compagnie Sibyllines et directrice du Théâtre français du CNA pendant dix ans, elle a remporté au fil de sa carrière de prestigieux prix. Son complice, Sébastien Ricard, partage quant à lui son talent entre la musique, le jeu et l’engagement politique. Au théâtre comme au cinéma, il se démarque dans plusieurs rôles marquants. Micha Raoutenfeld est un·e artiste queer pratiquant la mise en scène, l’écriture et le jeu. Formé·e à l’École nationale de théâtre du Canada ainsi qu’à l’international, iel s’épanouit dans les territoires artistiques remettant en question les schémas dominants.
La chouette dans les médias
« La chouette est une œuvre qui résiste au définitif : pas une thèse de doctorat ni un essai philosophique. Pas un collage de textes ni du théâtre documentaire. Et pas un classique. Du moins, pas encore. »
JOUER DANS L’INDÉFINITION un article de Stéphanie Morin pour La Presse
« Les scènes silencieuses transportent notre recherche, nos questionnements et non des conclusions ou des préceptes. Une création théâtrale, à partir de « rien » sauf d’une matière intellectuelle exigeante, et qui n’est pas non plus un collage de textes, doit inventer constamment son mode de fonctionnement et d’emploi. Il y a un côté très organique et peut-être mystérieux au résultat, sans aspect narratif ou didactique. »
CINQ QUESTIONS À BRIGITTE HAENTJENS ET SÉBASTIEN RICARD en entrevue pour la revue Jeu
« Sébastien Ricard et Micha Raoutenfeld ont une complicité indéniable sur scène; on sent le travail commun dans les réflexions et les scènes, par exemple avec celle qui explore le mouvement des corps nus, apport certain de Raoutenfeld dont le parcours s’ancre dans sa double identité et dans une avidité d’influences et de pratiques diverses, dont la danse. »
LA CHOUETTE: LA CONFUSION IDENTITAIRE un article de Gabrielle Brassard-Lecours pour la revue Jeu
« C’est comme une bataille constante, ajoute Micha Raoutenfeld. L’interprète sur scène est en constante confrontation. La personne trans aussi. Car elle fait sans cesse face à ce qu’on lui dit qu’elle devrait être, selon les normes. »
REPENSER LES IDENTITÉS REÇUES, un article de Marie Labrecque pour Le Devoir
ÉQUIPE
Une création de Sibyllines en codiffusion avec le Théâtre Prospero.
Le projet La Chouette a bénéficié d’une résidence de création à la Compagnie Marie Chouinard et à la Cité-des-Hospitalières en transition.