Les mauvaises manières, le goût du pouvoir, le cynisme et la soif d’argent caractériseraient-ils tout le genre humain, au-delà des distinctions de classes et de fonctions sociales ?
Parmi une faune bigarrée, qui mêle vrais et faux mendiants, policiers corrompus, escrocs et prostituées, se détache la silhouette inquiétante de Mackie-le-Couteau. L’ultime frasque de ce bandit habitué des bordels? Avoir épousé sans cérémonie la fille de Jonathan Jeremiah Peachum, qui règne en maître sur le commerce de la mendicité. Décidé à ne pas céder sa Polly à un gendre si peu recommandable, Peachum engage une guerre sans merci contre Mackie. Menaces, délations, trahisons et tentatives de corruption entourent l’affrontement des deux hommes, qui dépasse vite le différend personnel pour s’élargir à la société tout entière. La pièce, certainement la plus grinçante des comédies musicales, a été créée en 1928. Brecht y met en scène une communauté joyeuse mais impitoyable, où le crime est la norme, la moralité une étourderie, le mensonge un moyen parmi d’autres d’exploiter son prochain.
Revisitant cette fable mythique, Brigitte Haentjens et son complice, l’écrivain et traducteur Jean Marc Dalpé, délaissent le pittoresque des bas-fonds londoniens pour transposer l’action à Montréal en 1939. Leur adaptation mordante servie par une distribution éblouissante renoue avec la férocité originelle de l’œuvre et fait retentir le chaos d’un monde où, comme le dit Brecht, « celui qui rit n’a pas encore reçu la terrible nouvelle ».
Texte : Bertolt Brecht (d’après la traduction allemande d’Elisabeth Hauptmann de L’opéra des gueux de John Gay) Musique : Kurt Weill Traduction : Jean Marc Dalpé Direction musicale : Bernard Falaise Mise en scène : Brigitte Haentjens Avec : Sébastien Ricard, Eve Gadouas, Jacques Girard, Kathleen Fortin, Marc Béland,Céline Bonnier, Ève Pressault, Pierre-Luc Brillant, Xenia Chernyshova, Larissa Corriveau, Jean Derome, Francis Ducharme, Bernard Falaise, Maxim Gaudette, Alexandre Grogg, Sharon James, Émilie Laforest, Nicolas Letarte, Marika Lhoumeau, Nicolas Michon, Frédéric Millaire Zouvi, Iannicko N’Doua et Mani Soleymanlou Équipe de création : Dominique Cuerrier, Florent Siaud, Anick La Bissonnière, Yso, Bernard Falaise, Guy Simard, Angelo Barsetti, Frédéric Auger, Julie Measroch, Jean-François Landry et Sébastien Béland Crédits photos : Angelo Barsetti et Lydia Pawelak
Une création de Productions Sibyllines présentée à Montréal en codiffusion avec l’Usine C.
Présenté à partir du 24 janvier 2012 à l’Usine C, Montréal. Du mardi au vendredi 20h, samedi 15h.
Du 28 février au 3 mars 2012 au Théâtre français du Centre national des Arts, Ottawa.
« Disons d’emblée que Brigitte Haentjens signe un spectacle à la fois populaire et rigoureux, vitriolique et festif. Un show autant à grand déploiement que son précédent (20 novembre) était intimiste, mais pareillement marqué par une manière frontale de vouloir interpeller le public. »
Marie Labrecque, Le Devoir
« Avec doigté et précision, la metteure en scène a dirigé une vingtaine d’interprètes dans un spectacle qui s’apparente à un fabuleux cabaret post-expressionniste. »
Luc Boulanger, La Presse
« La pièce de Sibyllines possède la complexité des grandes oeuvres où les discours et les personnages se dérobent à une lecture univoque. »
Elsa Pépin, VOIR
«Dans la solitude des champs de coton nous mène pratiquement à un «orgasme intellectuel». C’est déjà plus que la majorité des propositions théâtrales du moment; ce sera toujours davantage que l’ensemble des textes portés à la scène hier et aujourd’hui. »
Mario Cloutier, La Presse